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Photo du rédacteurLa noctambule

Souvenirs pascals



Maman est morte il y a 15 ans aujourd’hui, et je sais qu’elle ne ressuscitera pas. J’ai réécouté, Vendredi saint, la liste de lecture que j’avais préparée pour son service funèbre et téléchargée sur mon vieil iPod 8G. J’ai encore été émue.

 

Je pense souvent à sa manière d’aimer ses petits-enfants. Elle était une grand-maman formidable, joueuse et attentive, laissant croire à chacun qu’il était son préféré, jusqu’à ce qu’un jour, l’un d’entre eux découvre son stratagème et la prie de choisir. Ce que, bien sûr, elle n’a pas fait, expliquant la capacité des grands-mères à aimer tout le monde et chacun à la fois.

 

Elle-même, j’ai fait le compte, avait pris soin de plus d’une vingtaine d’enfants dans sa vie : ses frères et sœurs, ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. Cette nombreuse descendance faisait sa joie et sa fierté; elle a été son espérance le jour où elle a appris que sa fin approchait.

 

Maman est bien morte, si l'on peut qualifier une façon de mourir, dans l’acceptation et la sérénité. Cela peut sembler bizarre à dire, mais c’est elle qui nous a soutenus jusqu’à la fin. Elle m’a plusieurs fois consolée quand, auprès de son lit, je m’effondrais à l’idée que bientôt, elle n’y serait plus. Elle m’avait appris à vivre, c’est vrai, et là, elle m’enseignait les rudiments du grand départ.


 J’ai écrit tout à l’heure qu’elle ne ressusciterait pas. Ce n’est pas tout à fait vrai. Quand nous parlons d’elle, mes enfants, mes sœurs et moi, je vois bien qu’elle est encore là, qu’on peut entendre sa voix, que sa présence se fait sentir à chacune de nos respirations, à travers chacun de nos gestes. Les points de vue que je lui prête orientent souvent mes décisions. Et l’amour qu'elle m'a prodigué continue de me soutenir et de me donner confiance dans l’accomplissement de mes projets. Elle est donc là, pas tout à fait ressuscitée, mais pas vraiment morte non plus. À la fois morte et vive. Présente, en somme.


Isabelle Larrivée


Le cantique de Jean Racine, Gabriel Fauré


Requiem, Pie Jesu, Gabriel Fauré/Philippe Jaroussky


Illustrations: photos de famille


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