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Photo du rédacteurLa noctambule

L'amour sur fond de fin du monde

Dernière mise à jour : 20 août 2020

11 août 2019



Avancer vers la destruction avec la conviction que nous nous serons dit ce qu’il fallait pour nous éteindre.


À ma retraite, j’irai vivre à Rimouski ou dans l’une de ces villes du bas du fleuve qui ont vu ma

famille paternelle grandir. Je me rapprocherai de ma fibre, de ma texture intime. J’irai respirer les odeurs connues de ce lieu d’ouverture vers l’océan. Les embruns. Les algues. Je m’agripperai à mon arbre généalogique comme on s’accroche à ce qu’il nous reste de présence. Dans une sorte de désespoir programmé de l’ADN. Avec toute l’animalité nécessaire à la survie.



Juillet a peut-être été le mois le plus chaud de l’histoire, mais aout fut sans conteste le mois le plus hot. J’ai côtoyé, oui, au delà de toute attente, j’ai côtoyé l’amour de près, plus que jamais. Il était là, à ma portée, se roulait en boule dans ma nuque, me chauffait la plante des pieds, venait se lover au creux de ma main. Il était presque devenu ma petite bête domestique, apprivoisée et docile, presque ma chose. Et moi, j’étais son chat ronronnant. Il me grattait les côtes et le dos. Il faisait le gentil avec moi. Il rôdait avec détermination autour de ma vie. L’amour prenait la forme de l’espoir.


Il était ma stupeur, mon ébahissement rafraichissant à 40 degrés avec l’indice humidex. Mon Groenland à moi. Son corps étalé sur une serviette de plage procurait un petit je-ne-sais-quoi au gazon sec, au févier de tous les mystères sous lequel nous prenions place avec une préférence psychorigide, comme si ces quelques mètres carrés de pelouse faisaient planer la menace de la perte ou de l’abandon. C’est ça, quand on a perdu l’habitude.


N’empêche que c’est chronophage, ces petites choses. Ça vous bouffe des heures d’échange sur Facebook, ça vous arrache votre temps à distance et ensuite, dépouillé, on se demande pourquoi l’on ressent une impression de vide et de dépossession. On erre dans la maison. L’autre n’est pas là. On souffre. Et on désire.


Mais l’amour consume. C’était prévisible. Ma robe de lin s’est enflammée. L’amour est une fois de plus apparu comme un soleil ardent et moi, bouillante, je fus tout juste capable de me crisser dans la piscine du Parc Jarry pour apaiser le feu.


Pleurer est inutile lorsqu’il n’y a plus rien à refroidir. Quand les braises noircissent déjà et que la cendre fumante et arrogante me montre mon devenir, la condition prochaine de mon être. Oui, je ne suis que poussière. En quoi l’amour y changerait-il quelque chose?


Bon. Assez discuté. Je pars. Je vais attendre une autre fin du monde.



Isabelle Larrivée


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