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Photo du rédacteurLa noctambule

Is that all there is?


Je pourrais bien un jour être trouvée morte et je n’aurais rien fait de ma vie. J’aurais mangé un peu de chocolat, lu une page ici, trois pages là, et rien ne serait né de mes mains qui soit durable et reconnaissable.


Il y a parfois de ces moments de spleen pas même touchés par la grâce de la poésie, où s’évide le sens, où les côtes se creusent et où le rien se niche, se loge, s’installe de plus en plus frénétiquement au cœur des détours osseux. Et il n’y a rien, rien à faire.


Les années passent, les amis partent et les autres s’oublient. Je pense souvent aux ânes recueillis dans des relais de sauvegarde, des sortes de maisons de retraite pour bêtes ayant servi la race humaine dans la violence de ses coups. Je dis que nous sommes tous des assujettis au temps. Que nous œuvrons comme des animaux nos vies durant. Et qu’à la fin, il n’y a que des mains calleuses se tendant au bout des tricots étiolés, rêches et éphémères.


Si nous restons seuls, c’est bien que tout nous y a conduits.


Les grelots des calèches nous leurrent dans l’enfance, alors que nous ne savons rien. C’est dans cette fraîcheur que tout est dérobé. À ceux et celles qui n’ont rien, on prend tout. De ceux et celles que l’apprentissage déchire, on soustrait le silence.


Quelques feuilles gribouillées ici et là, une partition de Chopin froissée, rien qui vaille.


Je suis désolée de ne pas écrire des affiches publicitaires. Désolée de n’être pas un micro d’humoriste, me donnant en distraction aux âmes perdues. Je ne peux offrir que l’irrévérence de ma tristesse dans cette période de célébrations.


Et dire qu’il faudrait comprendre.



Isabelle Larrivée








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