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Photo du rédacteurLa noctambule

"Il faut simplement exister - essayer d'exister dans ce qu'on écrit." Doris Lessing

Dernière mise à jour : 20 août 2020

Best Love Rosie

Nuala O’Faolain

10/18, 2008

445 pages



17 mars 2012

Pour toutes sortes de raisons mêlant le manque de temps, le désir d’aller jusqu’au bout et la paresse, j’évite généralement les romans volumineux en cours d'année. Mais il m’arrive de ne pas pouvoir résister à l’appel des sirènes et, quitte à y perdre le fil, parfois, j’ai entrepris, il y a plusieurs semaines la lecture d’une écrivaine que m’avait recommandée une amie libraire toujours de bon conseil : Nuala O’Faolain. J’ai pensé qu’en cette journée de la St-Patrick, il serait de circonstance de vous présenter brièvement un roman de cette Irlandaise (décédée en 2008) : Best Love Rosie.


La narratrice, Rosie, est rédactrice professionnelle. Ses différents employeurs, des ONG internationales, l’ont amenée à parcourir le monde et à vivre une vie passionnante, parsemée de relations amoureuses plutôt éphémères. Le récit commence au moment où elle vient de terminer un contrat et où elle rentre chez elle, en Irlande, pour retrouver ses proches, mais aussi pour faire le point sur sa vie.


À travers les événements qui jalonnent ce retour au bercail, à 56 ans, Rosie s’interroge sur ce que le temps a transformé en elle de manière positive, sur ce que ses expériences lui ont appris, mais aussi s’inquiète pour la suite des choses, l’absence d’amour, le fait de ne pas avoir eu d'enfants, par choix, et tente de se construire dans cette cinquantaine qui laisse déjà apparaître les signes de l’érosion du corps :


« Je me suis efforcée de voir mon corps vieillissant comme quelque chose m’unissant au monde naturel. Des feuilles rouges et dorées jonchaient le pré hirsute. Ne pouvais-je envisager mon propre automne comme une saison riche en couleurs? » (p. 375)

Elle tâche aussi, par ailleurs, de donner à sa solitude, à LA solitude, une signification et une portée qui en font l’un des ingrédients de la solidarité humaine :


« Personne ne sait ce que je ressens, ai-je songé. Et je ne sais pas non plus ce que les autres ressentent. Ça donne encore plus de prix aux efforts que nous faisons pour être ensemble. » (p.364)

En ce sens, en regardant bien en face la réalité d’une cinquantenaire, ce roman nomme des choses qu’on aimerait mieux souvent ne pas s’avouer. Je ne suis pas certaine que cela soit toujours rassérénant, mais il est écrit avec franchise et beaucoup d’humour. Il s’attarde avec tendresse sur les liens étroits qui unissent les membres de cette petite communauté de Kilbride et ce faisant, devient une ode à l’amitié et à la fraternité qui peuvent lier des êtres différents à tout point de vue.


Mais j’ai surtout eu l’impression, en lisant Best Love Rosie, de retrouver un peu du regard de Doris Lessing sur la vie des femmes, sur leurs difficultés propres, sur la nécessité de s’affranchir au quotidien d’une perception tantôt paternaliste, tantôt machiste, que les hommes peuvent avoir d'elles, ou simplement sur leur indifférence, surtout lorsqu’elles sont désormais écartées du cycle de la reproduction. Dur à lire? Parfois, oui.


Entre l’élan qui la pousse encore vers l’avenir et de nouveaux projets, et le sentiment d’être d’une certaine façon rattrapée par la nostalgie du temps révolu de la jeunesse, Rosie avance à pas mesurés, anxieuse et énergique, infatigable et tourmentée. Cela donne au personnage une remarquable consistance et on a l’impression, par moments, qu’on la connaît bien.


Isabelle Larrivée

35 vues1 commentaire

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1 Comment


Daniel Guénette
Dec 13, 2019

Merci. Je ne lirai sans doute pas ce roman — j'accuse beaucoup trop de retard dans mes lectures — mais je vous lis avec plaisir. Tout ce que vous brassez dans votre commentaire est important. Je retiens la citation de Doris Lessing. Oui : exister grâce à ce que les autres écrivent, et aussi les faire exister à travers ce que nous écrivons. C'est la rencontre, le dialogue.

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