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Photo du rédacteurLa noctambule

Chronique du Vendredi saint: quelle pie, ce Jésus!

Dernière mise à jour : 22 mai 2020

Texte publié le 20 avril 2019






En 1968 ou 1969, je ne sais trop, ma mère nous avait amenées au cinéma, le week-end de Pâques, pour voir La passion selon St-Mathieu, de Pasolini.


Elle ignorait qui était Pasolini et se demandait bien pourquoi il y avait une telle file devant le cinéma Rivoli (devenu, aujourd’hui, une pharmacie Jean-Coutu).


Le cinéma pendant le congé de Pâques, c’était une tradition. On voyait un film biblique chaque année, ou presque. Sauf une fois où on avait vu La mélodie du bonheur. Remarque, c’était peut-être à Noël… je ne sais plus.


J’ai toujours pensé que les films bibliques m’avaient convertie à la fiction et de ce fait, avaient favorisé ma sortie de la foi catholique. Tous les chemins mènent à Rome.


J’ai donc perpétué la tradition et ce soir, sur les conseils d’une amie, j‘ai revu ce film. Outre le fait que je me suis rappelé pourquoi j’avais à ce point craqué pour Jésus à l’époque, j’ai relevé quelques éléments incongrus et j’ai fait des observations spontanées. Je vous les livre en pâture.


1- On note dans ce film un nombre incroyable de phrases de Jésus (il n’y a que lui qui parle) qui commencent par « car ». Choquant!


2- Jésus énumère ses apôtres, mais ne fait aucune mention de Luc. Il l’a bloqué?


3- Judas est un abruti qui finit mal. C’est connu, mais ici, il semble encore plus abruti que dans

d’autres films. Peut-être parce qu’il a un peu la gueule de Martineau. À voir.


4- Jésus est d’une brutalité phénoménale avec sa mère. Inacceptable.


5- Pasolini a fait un grand ménage autour de Jésus : il a enlevé toutes les filles. Dieu sait pourquoi.

6- Le capitaine Haddock n’a pas inventé l’expression « sépulcre blanchi ».


7- Jésus disserte constamment et jusqu’à plus soif (je l’ai mentionné), mais ne dit que des vérités. Épuisant.


8- La couronne d’épines que Jésus porte ressemble drôlement au truc qu’ils ont sorti de la cathédrale Notre-Dame cette semaine.


9- Les larrons crient quand on leur plante les clous dans les paumes. Jésus, non.


10- Si Jésus vivait aujourd’hui, il ne pourrait bientôt plus enseigner dans les écoles primaires et secondaires.


En fin de compte, il faut croire que Pasolini est un type profondément pessimiste : la scène de la résurrection qu’on attend depuis le début dure quelques secondes seulement. Déçue.


Il faut croire aussi qu’il a fait une oeuvre visionnaire : à notre époque, on est nous aussi capables en quelques clics de crucifier quelqu’un sur Facebook. On n’a à ce propos rien à envier aux fictions bibliques d’antan. Moche.


Isabelle Larrivée





· Illustration: Zurbarán. Christ en Croix (1627).

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